mercredi 8 avril 2009

Que pensent les vieux dinosaures de l'investissement "value" de la crise actuelle ?

Le magasine américain « Smart Money » a interviewé des « superinvestisseurs de Graham & Doddsville" (comme les appelait Warren Buffett) parmi ceux qui ont connu la grande dépression de 1929 et leur a demandé leur point de vue sur la crise actuelle et le marché des actions.


A tout seigneur tout honneur : Walter Schloss.





Nous avons consacré deux articles à ce champion de la chasse à la daubasse de 92 ans (ici et ici). « Big Walt » ne pense pas que les difficultés actuelles sont comparables à celle de la « grande dépression ».

"À l'époque, dit-il, l'économie était dépendante d’une poignée d'entreprises, comme les banques, les chemins de fer, les services publics et les compagnies pétrolières. Aujourd'hui, la croissance économique provient d'un beaucoup plus large éventail d'industries."

Schloss dit aussi que si les investisseurs laissaient moins de place à leurs émotions, ils constateraient que la période actuelle est une excellente occasion d’investir pour autant qu'ils sélectionnent soigneusement leurs sociétés en fonction de leur bilan.

Walter Schloss a actuellement la moitié de son portefeuille investi en actions.



Un autre investisseur « value » célèbre, Irving Kahn.


Âgé de 103 ans, Kahn a travaillé en étroite collaboration avec son ami Benjamin Graham durant la grande dépression. Il l’a d’ailleurs aidé à écrire sa première œuvre « Security Analysis ». Co-fondateur de la société new-yorkaise des analystes financiers (avec un certain ... Walter Schloss), il a poussé les entreprises à plus de transparence. Contrairement à « Big Walt », il préconise les rencontres avec la direction des entreprises dans lesquelles il investi. Il se concentre sur les entreprises de bonne qualité, négligées, peu endettées et qui se négocient sous la valeur de leur actif net.

Aujourd'hui, il est le président du Kahn Brother Group et continue à travailler cinq jours par semaine. Malgré son âge, Irving Kahn est en excellente santé : par beau temps, il parcourt quotidiennement le kilomètre qui sépare son appartement de son bureau. Et par mauvais temps, il prend le bus : il prétend que la dépense pour utiliser les services d’une voiture serait indécente …

Kahn Brother Group a généré une performance annuelle moyenne de 10,9% depuis 1994, loin devant le S & P 500 de 6,8%.

Irving Kahn déclare qu'il est "absurde" de penser que les Etats-Unis se dirigent vers une autre « grande dépression » Selon lui, à l'époque, le gouvernement fédéral avait refusé d’aider les banques et a été impuissant à ajuster les taux d'intérêt".


Kahn ne minimise cependant pas les problèmes et recommande des obligations du gouvernement pour une partie de son portefeuille.
Mais en tant qu’investisseur ayant vécu des dizaines de ralentissements économiques, Kahn pense que nous ne faisons que vivre un cycle naturel des marchés »


"Les investisseurs n'ont pas de raison d’être baissiers», dit-il. « d’ailleurs, les vrais investisseurs « value »sont heureux quand les marchés sont en baisse. »





Sources : http://theguruinvestor.com/2009/04/07/a-superinvestor-and-other-depression-survivors-weigh-in/









Ci contre, Walter Schloss et Irving Kahn, fondateurs de la New York Society of Security Analysts

4 commentaires:

Thierry Collart a dit…

92 ans et 103 ans ! L'investissement conserve, c'est une bonne nouvelle !
Cela dit, je me demande, et ce n'est qu'une question sans réponse, si leur opinion est encore pertinente aujourd'hui quant à la macro économie et leur vision de "notre" crise.

L'équipe des daubasses selon Benjamin Graham a dit…

Effectivement Thierry, nul ne sait si ces "vieux bonshommes" ont raison. D'ailleurs tu connais notre avis sur les prévisions macro-économiques d'où qu'elles viennent ;-) D'ailleurs, ça me fait penser qu'il faudra qu'on fasse un article sur le sujet un de ces jours ...

Mais d'un autre côté, il nous semble que l'avis d'investisseurs ayant connu la grande dépression, la deuxième guerre mondiale, les trente glorieuses, les guerres du Vietnam, de Corée et du Golf, la guerre froide et la chute du mur de Berlin, le choc pétrolier et la fin de la référence du dollar à l'étalon-or, le scandale du Watergate, ... l'avis de ces investisseurs disais-je doit bien valoir l'avis de n'importe quel économiste ou analyste quadra ou quincagénaire aussi brillant soit-il qui n'a connu que le marché bull des années 80 à nos jours.

truc a dit…

"les vrais investisseurs « value »sont heureux quand les marchés sont en baisse"

Quand ils sont en hausse aussi... Il y a un moment pour acheter et un moment pour vendre.

Certains voient la période actuelle comme une catastrophe alors qu'il s'agit d'une opportunité historique.

J'ai toujours été très sceptique sur les stratégies d'investissement. En daubasse ou en autre chose... Mon historique est que l'important est d'acheter n'importe quoi en plein krach (petit a petit, on ne sait jamais jusqu'où cela va descendre), de garder longtemps (qqs années), puis de revendre quand tout va bien, petit a petit.

Thierry Collart a dit…

"Acheter n'importe quoi..."

Bof, je suis très sceptique quant à la pertinence d'une telle approche.
Si on achète pas cher quelque chose qui ne vaut rien, on se retrouve avec quelque chose payé trop cher.

Les krachs sont propices aux achats, mais ilfaut rester très sélectif.
Celui qui ne sait ou ne vaut pas faire un travail de sélection peut se contenter d'acheter l'indice lors des déprimes et le revendre lors des euphories...