mercredi 10 juin 2009

Pourquoi nous investissons dans des daubasses (bis)



Souvenez-vous cher lecteur : dans notre article du 12 mai nous écrivions : « un grand nombre d’études a démontré que, lorsqu’un investisseur achète des actions bon marché d’une société négligée par les marchés , il en sera mieux rémunéré pour le risque (apparent) qu’il prend qu’un investisseur qui achète les actions d’une société performante qui faisait déjà partie de celles que tous les investisseurs s’arrachent »

Reconnaissons que cette affirmation que nous assénions avec force manquait un peu d’arguments concrets.

Cependant, la bande des daubasses ne voudrait pas lancer pareille assertion sans au moins vous apporter un début de preuve.

Et cette preuve, un vent favorable (merci Richard) l’a apportée sous la forme d’une étude de Tweedy Browne sur les rendements procurés par l’approche « net net » que nous pratiquons allègrement (normal, c’est la raison d’être de notre club et de ce blog).

C’est qui ce Tweedy Browne ? Rien à voir avec Charly … Il s’agit en fait d’une des meilleure maison de gestion value au monde, rien de moins. Et cette phrase qui résume sa philosophie de gestion a tout pour nous plaire « un management médiocre se vend généralement avec une plus grande décote qu’il ne le devrait ».




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Qu’investir dans des sociétés cotant sous leur fond de roulement net devait procurer des rendements appréciables, nous nous en doutions : des sociétés à ce point sous évaluées et présentant une solvabilité élevée ne pouvait qu’être des anomalies de marché et donc procurer une rentabilité sympathique. C’est d’ailleurs ce que nous expliquions au lancement de notre blog .

Que le rendement obtenu depuis la création de notre portefeuille le confirme, il y a un pas que nous n’oserions encore franchir en raison de la durée de vie même de ce portefeuille, probablement trop courte pour tirer des conclusions définitives.

Mais que diriez-vous d’une analyse de rendement obtenus sur une durée de 13 ans ?

C’est ce que le professeur Henry Oppenheimer a réalisé. Il a analysé la rentabilité obtenue par des investissements dans des actions présentant une décote de 33 % par rapport à leur valeur d’actif « net net », du 31/12/1970 au 31/12/1983. Pour l’expérience, le portefeuille fictif était renouvelé le 31/12 de chaque année : les actions les moins sous évaluées étant remplacées au sein du portefeuille par d’autres candidats meilleur marché.

Et quel fut le résultat de cette petite expérience ? Et bien, le portefeuille « net net » a procuré au cours de cette période un rendement annuel de 29,4 % alors que la bourse américaine générait un rendement de 11,5 % par an au cours de la même période.

Mais il y a mieux !

Comme vous le savez, les sociétés que nous avons en portefeuille ne génèrent pas des bénéfices exceptionnels. Que du contraire, au 31/12/2008, seulement 19 % des sociétés de notre portefeuille présentaient un résultat net positif.

Notre nouvel ami, Henry Oppenheimer, a distingué le rendement obtenu par les actions des sociétés en perte au moment de leur achat (environ 1/3 de l’échantillon) et celui obtenu par les entreprises bénéficiaires. Le résultat est étonnant : les sociétés déficitaires ont procuré à leurs heureux propriétaires un rendement légèrement supérieur par rapport aux sociétés bénéficiaires soit 31,3 % par an pour les premières et 28,9 % par an pour les secondes.

Enfin, pour terminer, nous voulons préciser que nous nous sommes lancé dans l’investissement en « net net » parce que le raisonnement menant à leur sélection nous semblait logique et cohérent et non en raison de rétro performance exceptionnelle (piège que tendent certaines sociétés lançant des trackers en fonction d’une perfo rétrovision alléchante). Nous ne connaissions pas cette étude lorsque nous nous sommes lancé à la chasse à la daubasse. Mais le fait de voir une thèse confirmée par des chiffres ne peut que nous apporter l’assurance d’avoir raisonné « juste »

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